Des chasseurs accuses de ne pas chasser !
A bien y réfléchir, le drame était inévitable. Une maturité sexuelle dès le troisième mois, deux petites secondes pour un coït relâchant cinq fois l’an quelque six rejetons dans la nature, ne nous étonnons pas qu’à trop vouloir tenir leur rang les chauds lapins se soient ainsi reproduits comme tels.
Car, tandis que d’autres hurlent au retour du loup, voilà que le garenne se retrouve partout, ou presque, en état de surpopulation.
De la Picardie jusqu’aux raisins de Monbazillac, en passant d’abord par les cultures maraîchères de cette île de Ré que l’on dit colonisée par une centaine de milliers d’individus dépravés.
Une somme que réclame Serge Guibert, en mémoire de ses 1 618 pieds de vigne à cognac sournoisement grignotés par une horde de lapins ne sachant même plus séparer le bon grain de l’ivresse.
«Quand on plante 300 choux, on s’en fait manger 280», se lamente une maraîchère guettant sans pitié la prochaine épidémie de myxomatose.
Fort de ce chamboule-tout sanglant, le directeur de la fédération de chasse de Charente-Maritime tombe sur le râble de ses accusateurs.
«C’est un comble, les chasseurs ne peuvent quand même pas être mis devant une obligation de résultat», s’agace Jean-Michel Dapvril.
Moins noble qu’une dépouille de chevreuil, celle du bâfreur de carottes ne vaudrait ainsi pas un pet de lapin.
«C’est vrai que cette chasse devient parfois une corvée, mais le problème de la surpopulation est ailleurs», jure celui à qui l’on demande d’ordinaire de jouer les avocats du diable-viandard.