Le groove presque mûr de Jenna
En plus d’être son géniteur, Rodolphe Bouyeure s’est improvisé producteur, manager et attaché de presse. Il vend les mérites de la jeune musicienne à qui veut l’entendre, la maquette de ses chansons sous le bras. Jenna, elle, s’amuse du regard paternel admiratif.
«Ça me fait marrer», glisse-t-elle, tandis que Rodolphe, qui ne l’a pas entendue, se lance dans un éloge enflammé des qualités scéniques de Jenna.
Le discours énamouré du chef de famille incite tout d’abord à la méfiance.
«C’est fou», son premier titre, plutôt rythmé, parle d’une passion «vécue», visiblement.
«Je t’aime et je te hais», par contre, évoque l’expérience malheureuse d’une de ses amies.
Jenna a aussi la fibre écolo : une de ses premières chansons, «Petite Lola», parle d’une fillette «qui voit le monde changer à cause des hommes».
Au total, la jeune artiste a déjà écrit une bonne quinzaine de mélodies, dont huit ont été déposées à la Sacem, l’organisme qui protège les oeuvres musicales.
Elle a aussi enregistré une maquette dans un studio local, huit titres qui lui permettent d’asseoir sa crédibilité.
Pourtant, rien ne destinait cette adolescente, fruit d’un métissage franco-thaïlandais, à se diriger vers la musique.
À 11 ans, sa mère, Ching-Lee, insiste pour qu’elle prenne des cours de guitare, mais elle en garde un souvenir désagréable. Source