Le pain-beurre du matin

Chef-de-Baie : C’était le dernier endroit de La Rochelle où l’on servait le café pour 80 centimes d’euro, et où l’on pouvait encore hésiter entre le prix d’un hot-dog (2 euros) et le prix d’un sandwich (2 euros).

Un lieu de chaleur, de confidence et de mémoire où le radiateur électrique poussé à plein régime – même l’été -, dégivrait le commis poissonnier glacé par l’atmosphère contrôlée.

Une vitrine réfrigérée, trois étagères, une machine à café et devant, pour mieux marquer la pause, deux chaises d’écolier, un tabouret.

Dans le vaste hall impersonnel de l’encan et des ateliers de mareyage de Chef-de-Baie, Stop Bouf n’est plus qu’un souvenir.

Hier matin, Michelle Robin a refermé son rideau de fer sur le service aux marins, aux mareyeurs et à leurs matelots et employés, qu’ont rendu quatre générations d’une même famille.

Michelle, née Geay, tenait l’affaire de Jeanne, sa mère, qui elle-même l’avait reçu en héritage d’Yvonne, sa mère, laquelle avait pris la succession d’un cousin dont le nom s’est égaré dans le temps.

La crise de la pêche et la désertion du port ont foudroyé l’affaire.

Depuis plusieurs mois déjà, elle opposait pourtant une résistance obstinée à cette échéance, se contentant parfois de 300 euros de salaire mensuel…

Les acheteurs qui viennent de plus en plus tôt à l’encan, et qui ne prennent plus le temps d’une pause casse-croûte.

Ils dépensaient cet argent dans un café, un sandwich, une barre sucrée, sans entamer leur salaire.

De nombreux bateaux, des marins par centaines, des mareyeurs au diapason, l’effervescence de tout un port de pêche au coeur de sa ville.

Ma grand-mère Yvonne l’a remplacée, en 1951. Source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *